lundi 9 juillet 2018

Mon expérience : le burn-out + remise en question


Mon burn-out


Tu auras peut-être remarqué que les articles sont un peu disparates ces derniers mois. 
Il y a une raison à cela : je suis en arrêt maladie depuis le 27 janvier pour un burn-out. 

Plusieurs facteurs sont à l'origine de cet état. Le but de cet article n'est pas d'expliquer l'avant mais plutôt l'après. 


Le diagnostic

Comme beaucoup de personnes qui sont victime de cette maladie professionnelle; je n'ai pas voulu admettre tout de suite l'évidence. Je pensais que j'étais plus forte que ça, que je pouvais tenir la distance et supporter la pression. 
En janvier j'ai pris rendez-vous avec mon médecin pour une douleur persistante au ventre.

Après m'avoir auscultée, le médecin m'annonce que rien de "physique" n'explique ma douleur et me demande d'emblée: "Comment ça va au boulot?" 

J'ai fondu en larmes après seulement une demi phrase. Le diagnostic a été posé assez facilement: je subissais un burn-out. 

Par la suite, d'autres symptômes seront découverts: insomnies la nuit et fatigue extrême la journée, dérèglement de mon cycle de sommeil, aménorrhée de 5 mois (absence d'ovulation et de règles), douleurs physiques, digestion difficile, sautes d'humeurs, crises d'angoisse, crises de larmes, méchanceté gratuite envers Chris, désespoir extrême et remise en question permanente... Bref, c'est pas la joie. 

Mon médecin m'a donc imposé un arrêt de plusieurs mois, afin de me reconstruire et de me reposer. J'ai pourtant réussi à négocier une semaine de travail supplémentaire afin de mettre mes dossiers en ordre. 




Le premier mois d'arrêt maladie

Contrairement à la croyance répandue que les personnes en maladie pour burn-out sont en "vacances", je peux vous assurer que pour un bourreau de travail comme moi, les premières semaines ont été très difficiles. 
Je dormais minimum 10 heures par jour, je me traînais la matinée et l'après-midi je me trouvais des tâches ménagères à faire pour avoir la sensation d'avoir fait quelque chose de constructif de ma journée. 
J'ai passé de longues heures à pleurer et à me demander si ma vie valait la peine d'être vécue, pensant que je ne servais à rien qu'à abandonner mes collègues du magasin en déforçant l'équipe. 
Mention spéciale à Chris, qui est le moteur de ma guérison et sa raison principale (je t'aime mon coeur). 
J'avais honte de moi, honte de ma faiblesse, de mes choix et de ce que j'étais. J'avais la sensation d'avoir tout raté. 
Par la suite je suis passée par une phase "lavage de cerveau" par la combinaison thé-plaid-série télé feel good (Gilmore Girls pour être précise).

Comme tu peux l'imaginer je n'avais plus de goût de rien. Mon existence me semblait terne. Et même sans remettre en question les gestes zéro déchet et le véganisme que nous avons adoptés ces dernières années, j'avais la sensation de vivre la vie de quelqu'un d'autre pour me trouver une identité. Je sentais que j'avais besoin de libérer quelque chose en moi tout en ignorant quoi.

Je m'en voulais aussi de ne pas être "assez malade". Je m'explique: j'avais en tête que les vrais malades qui subissent un burn out ne pouvaient plus se lever de leur lit et étaient trop faibles que pour tenir une conversation de quelques phrases. 
Le fait est que je n'étais pas loin de ce stade, mais mon médecin m'a stoppée à temps. Toutefois, j'avais la sensation de profiter du système et de ne pas être légitime dans ma maladie. J'aurais presque voulu être encore plus malade pour me justifier à mes propres yeux.


Ce que j'ai mis en place pour m'en sortir, au début

Dès que j'ai eu du temps pour moi, c'est-à-dire dès le premier jour, j'ai voulu prendre le taureau par les cornes et j'ai ainsi consulté deux spécialistes en consultations psychologiques à raison de deux fois par mois chacun. J'ai également lu tous les livres disponibles à la bibliothèque sur le sujet, j'ai commencé à éplucher les sites d'emploi pour changer de boulot (sans succès), j'ai pris rendez-vous avec le Forem, je me suis précipitée sur les rayons pensée positive, méditation, yoga etc. 
Avec le recul, je me suis aperçue que j'ai voulu aller BEAUCOUP trop vite, comme si le burn-out pouvait se guérir en deux semaines alors qu'il est communément admis qu'il faut minimum 6 mois pour se reconstruire après cette épreuve. 





On passe à la vitesse supérieure : je prends des antidépresseurs légers

Après 4 mois d'arrêt maladie, malgré la sensation d'avoir fait quelques progrès, j'ai malheureusement eu une rechute. J'en étais arrivée à avoir des pensées suicidaires, à vouloir disparaître. La sensation de vide était omniprésente. A nouveau, Chris fut mon rayon de soleil dans la tempête. 

En discutant avec le médecin lors d'une de nos séances psycho, il m'a proposé (mais pas imposé) de prendre des antidépresseurs légers. Après quelques jours de réflexion je suis passée à la pharmacie pour acheter ces pilules qui m'aident à "calmer la tempête qui rugit sous mon crâne". 

Je suis donc sous traitement pour minimum un an, je prends également des compléments alimentaires à base de safran pour l'équilibre de l'humeur. 

Après quelques mois, je peux affirmer que ces antidépresseurs fonctionnent bien. Mon humeur s'est largement améliorée, je suis moins à cran, je n'ai plus de pensées suicidaires, et je parviens petit à petit à sortir des chaînes mentales que je m'étais imposées. 


Les changements qui m'aident à m'en sortir 

Attention les yeux, les changements dont je vais te parler sont pour la plupart hors thème ZD et minimalisme. 

Je n'ai pas l'intention de me justifier, vu le travail que je dois faire sur moi-même, je fais ce qu'il faut pour m'en sortir. 

Deux choses m'ont ouvert les yeux sur ce que je refoulais dans ma personnalité pour coller à l'image de la perfection et du bonheur que je m'étais imposée. 

Pour mieux comprendre, j'ai pris le temps de me placer face à mes certitudes et à les démonter pour déterminer si ces idées étaient vraiment les miennes ou si je les suivais comme une recette "magique" pour atteindre le bonheur. 
J'ai donc passé en revue le zéro déchet, force est de constater que je me suis mise une pression énorme. Je pensais que pour être parfaite et heureuse je DEVAIS ressembler aux stars du ZD et à chaque fois que je parcourais leurs stories instagram ou leurs blogs, je me sentais minable de ne pas parvenir à leur niveau = mauvais pour l'estime de soi, comme tu peux l'imaginer. J'ai donc décidé de me calmer sur le ZD, de ne plus suivre les grands noms du mouvement et de faire les gestes qui me conviennent, sans me prendre la tête. 

Le prochain sur la liste d'analyse était le minimalisme. Et là, douche froide. Je me suis aperçue que mon extrémisme dans ce domaine traduisait une recherche désespérée du bonheur sans jamais l'atteindre. 
Le minimalisme me semblait être la formule magique pour atteindre la plénitude, la confiance en soi et l'équilibre, car c'est comme ça qu'il est présenté par tous les minimalistes. J'ai sans doute été victime de l'effet de mode, malgré moi. 
Je devenais donc insupportable à force de vouloir me débarrasser des objets et des meubles. Au lieu de m'aider à me détacher du matériel, le minimalisme ne faisait que m'en encombrer l'esprit! Quel comble! 

Ces réflexions m'ont frappées lorsque j'ai visionné deux vidéos: 


La première est le reportage Netflix sur Iris Apfel, cette styliste américaine nonagénaire qui a pour moto: "More is more and less is a bore". J'ai adoré sa vitalité, son style, les couleurs et sa philosophie de vie. J'ai vraiment pris une claque en réalisant que j'étais une personne créative qui aimait faire des choses colorées de ses dix doigts. 



La seconde est une vidéo TEDx, une conférence de Jean-Gabriel Causse "Le pouvoir des couleurs", dans laquelle il explique que les ambiance monochromes sont une plaie pour l'humeur. Après avoir vu cette vidéo, j'ai levé la tête et parcouru mon parfait appartement minimaliste et monochrome des yeux et j'ai compris qu'au lieu de m'apporter l'équilibre émotionnel que je voulais atteindre, il m'attristait. 
Tu penses peut-être que je suis vite influencée par le contenu d'une vidéo, je pense plutôt qu'il s'agit d'une révélation. 



Voilà donc quelques changements qui sont entrain de se mettre en place et qui me font du bien: 

🌺 Je mets de la couleur dans notre intérieur. J'achète des fleurs aux champs, j'ai transplanté nos plantes dans des pots colorés, j'ai cousu des coussins dans des tissus à motifs et j'expose nos souvenirs, peluches et livres un peu partout, ce qui me fait du bien et me fait sourire jusque dans les toilettes! 

🌺 J'ose sortir du style simple et impersonnel. Je te rédigerai un article sur les achats de vêtements et chaussures de seconde main pour un budget réduit et un style plus personnel. Sache simplement que Chris a fait de drôles de têtes ces derniers temps. Malgré cela, il accepte mes tenues les plus étranges et je suis pour la première fois depuis longtemps bien dans mes baskets. 

🌺 Je me suis remise à la peinture, à la couture et à la personnalisation de vêtements. Je peins à l'aquarelle, je dessine au crayon, au feutre, je couds des coussins pour le salon, un sac à dos, un tote bag, etc. Je passe du temps calmement à ma table et je suis fière du résultat. 



🌺 J'arrête d'emprunter des livres de développement personnel, ou des livres déprimants. J'ai trop parcouru de livres présentant des recettes miracles pour être heureux ou pour changer sa vie, par le rangement, l'écologie et le minimalisme et le résultat à toujours été que je me sentais minable. J'emprunte donc plus de romans d'aventure, de science-fiction et de livres documentaires sur des thèmes qui me parlent, comme le féminisme ou l'Histoire. 

🌺 Je m'essaie au "lâcher prise". Le lit n'est pas fait dans la minute qui suit le lever? La vaisselle du petit-déjeuner traîne quelques heures sur l'évier? L'aspirateur n'a pas été passé tous les deux jours cette semaine? Tant pis. J'apprends à vivre avec un peu de chaos plutôt que de courir dans tous les sens et de me stresser pour que mon appartement ressemble à un magazine. 

🌺 J'ai repris le sport. Chris et moi nous sommes inscrits dans une salle de sport pour travailler notre corps et nous muscler. Comme tu le sais, le sport fait du bien non seulement au corps mais aussi au mental. Et puis, voir mes muscles se dessiner et ma force se multiplier, ça fait vraiment du bien! Nous y allons en moyenne trois fois par semaine, en commençant pas 15 minutes de cardio (vélo elliptique), 60 - 80 minutes de musculation sur machines (ou un cours en commun) et pour finir 20 - 30 minutes de cardio (course sur tapis/ vélo / vélo elliptique / aviron). 

🌺 Je laisse la place à l'enfant qui est en moi. J'écoute des chansons de dessins-animés, j'en regarde, je m'extasie dans les magasins de jouets, je porte des t-shirts d'enfants... Même pas peur.

🌺 Je me suis mise au bénévolat. Rien de tel pour l'estime de soi que de faire le bien autour de soi. Nous avons donc décidé de passer régulièrement au refuge Animal sans Toi...t pour promener les chiens du chenil dans la campagne, ils adorent!



🌺 J'ai repris le tatouage. On aime ou pas, "My body, my choice". Si tu me suis sur Instagram, tu as pu voir les étapes de mon nouveau tatouage qui se réalisera en plusieurs séances chez LunieChan de Coup de Foudre Tattoo à Liège. Cette fille est une crème et j'ai déjà l'intention d'en faire d'autres chez elle. 
Le tatouage peut être vu comme un geste d'affirmation de soi, de réappropriation de son corps voir comme une thérapie selon les personnes. C'est un peu tout cela pour moi.


La suite au prochain épisode


Actuellement, mon absence maladie est prolongée. Je continue les séances psy, les antidépresseurs et ma remise en question. Je pense avoir déjà fait un grand pas en avant, même si les spécialistes pensent qu'il y a encore beaucoup de travail pour consolider ces bonnes bases. 

Et toi, t'as déjà vécu un burn-out? Penses-tu en vivre un? Raconte-moi ton expérience.

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